Première réunion |les choses bougent|

Une journée banale dans un monde banal. Quoi de plus inintéressant ? Vraisemblablement rien, aux yeux de Narcisse. Allongé sur son lit, les bras croisés derrière la nuque, l'aîné des jumeaux Rogue fixait le plafond du dortoir sans se soucier des allés et venus incessantes de ses camarades de chambrée. Son regard azur semblait ailleurs, comme si ses pensées avaient prises progressivement le pas sur sa réalité. Au petit matin, alors qu'il sortait tout juste de la grande salle, il avait été prévenu discrètement par un membre de l'Ordre que la première réunion aurait lieu à seize heures ce même jour dans la salle sur demande. Depuis, il n'avait cessé de réfléchir à la meilleure manière qu'il lui serait donné de servir cette organisation. Il avait bien évidemment en tête le rôle qu'avait tenu son illustre père au sein de l'Ordre du Phénix mais ce n'était là ce à quoi il souhaitait arriver. L'Ordre de Fumseck représentait toute une symbolique à ses yeux. Un combat, une rébellion, comme il aimait en mener depuis qu'il était en age de penser et de réfléchir.

Le temps était suspendu à ses lèvres. Un silence de marbre apposé sur sa bouche, tel un secret inavouable. Subitement, ses pupilles bleutés basculèrent dans le coin droit de ses yeux sans que sa tête n'ait à bouger d'un seul millimètre. Les aiguilles de son réveil indiquaient clairement les seize heures moins le quart. Le temps était donc venu pour lui d'enfiler ses chaussures et de rejoindre le 5ème étage aussi discrètement que possible, en vu de la réunion secrète qui allait s'y tenir. En l'espace de quelques secondes, se fut chose faîte. Ses chaussures cirées aux pieds, le Serpentard sortit de son dortoir et se fraya un chemin en dehors de la salle commune, direction les escaliers qui menaient aux étages supérieurs. Vêtu d'une chemise blanche au col redressé et aux manches retroussées, dont quelques boutons avaient été volontairement détachés, d'un pantalon noir pincé, et d'une cravate verte et argent réduite à l'état de bracelet au poignet gauche, Narcisse s'engouffra, mains dans les poches, dans le dédale presque interminable de couloirs sillonnant le château tout entier.

Après une bonne dizaine de minutes de marche décontractée, de manière à ne pas éveiller les soupçons, Narcisse arriva dans un couloir illusoirement vide du cinquième étage où il était de réputation que jamais rien de bien intéressant ne s'y déroulait. A l'orée d'un large mur de pierres ocre, il s'arrêta net pour penser à un lieu secret où l'Ordre pourrait se réunir sans craindre pour la survie de leur projet. Aussitôt, une porte d'un bois aussi noir que le jais se dessina au beau milieu du mur, comme sortit tout droit de son imagination. Un très léger sourire aux lèvres, le Serpentard l'ouvrit et se faufila à l'intérieur de la salle où un certains nombres de personnes semblaient déjà s'afférer à quelques présentations hasardeuses. Dans le lot, Narcisse découvrit évidemment quelques têtes bien connues et d'autres beaucoup moins. Mais peu importait. Il était venu pour servir un idéal qu'il pensait pouvoir trouver ici, et non pas pour fanfarander avec les autres membres de l'Ordre. Quelques unes de ses mèches brunes échouées sur son regard, il dissocia néanmoins clairement une silhouette de toutes les autres : celle de sa petite soeur, Tamara. Son regard insistant posé sur son visage, Narcisse s'avança lentement vers l'assemblée d'élèves réunis. Quand il se sentit assez prêt du cercle récemment formé, il abaissa son regard dans le vide et se présenta de la manière la plus expéditive qui put être entendu.

« Narcisse Rogue ... de Serpentard. Je ne suis pas ici pour jouer les enfants de coeur, aussi ne présenterais-je simplement que mon souhait d'appartenir à l'Ordre pour servir son idéal, proche en de nombreux points du mien et de celui de ma famille »

Sur ces derniers mots, il releva ses yeux vers ceux de sa soeur puis s'avança de cette démarche toujours aussi noble et légère vers la chaise qui se trouvait être la plus proche de sa camarade de maison et préfète, Sheila. Une fois adossé confortablement contre le dossier de sa chaise, Narcisse sortit ses mains divinement sculptés, à la manière de celles d'un pianiste, de ses poches et croisa ses bras sur son torse en attendant l'arrivé d'autres membres et le véritable commencement des hostilités.